Du 10 au 12 novembre 2025, la ferme agroécologique Eco From Africa à Bignona a accueilli une formation immersive destinée aux relais communautaires du projet Action Climatique Féministe en Afrique de l’Ouest (ACF-AO), mis en œuvre par ENDA Pronat.
Ces trois jours ont réuni des jeunes femmes et hommes engagés, issus des villages polarisés par l’Aire Marine Protégée d’Abéné, qui accompagnent au quotidien des groupements de femmes actrices clés de la vie rurale et de la transition agroécologique.
Eco From Africa agit comme ferme-école depuis 2018. Créée pour former les nouvelles générations d’agriculteur·trice·s, elle développe un modèle pédagogique fondé sur la pratique, l’expérimentation et l’autonomie.
La ferme dispose de champs-écoles, d’une parcelle pilote, d’un centre de formation, d’un espace de transformation, d’une pépinière et d’un dispositif complet d’accueil pour les apprenant·e·s. Dans cette continuité, accueillir les relais communautaires du projet ACF-AO s’inscrit dans sa mission : transmettre des pratiques durables adaptées aux réalités des terroirs de Casamance.
La première journée a permis aux relais de découvrir l’esprit de la ferme, son fonctionnement et les valeurs qui guident ses activités.
Clément Sambou, cofondateur, agronome et paysan expérimenté, a partagé son parcours, ses apprentissages et sa vision d’une agroécologie ancrée dans les réalités locales.
Les échanges ont porté sur les fondements de l’agroécologie, ses impacts, ses exigences techniques et sa capacité à renforcer la résilience économique des familles rurales.
La journée s’est conclue dans un campement sobre, propice au partage et à la cohésion. Les relais ont installé leurs tentes, partagé le thé et initié les premières danses, renforçant ainsi la dynamique collective.
Le deuxième jour a débuté au lever du soleil, dans une atmosphère calme rythmée par le feu du petit matin.
La matinée a été consacrée au travail en serre. Les relais ont observé un espace cultivé en piment, utilisé comme support pédagogique pour aborder des thèmes essentiels :
– rotation des cultures,
– gestion de l’humidité,
– organisation de l’espace,
– erreurs fréquentes à éviter.
L’après-midi a ouvert un large volet pratique. Les participant·e·s ont collecté les matériaux nécessaires pour fabriquer un compost complet : feuilles sèches, matière verte, fumier et autres résidus organiques.
Sous l’accompagnement du formateur, ils ont construit le compost couche par couche, tout en comprenant la logique agronomique qui sous-tend chaque geste.
La séance s’est poursuivie avec la fabrication de biorépulsifs, l’élaboration de fertilisants naturels, les techniques de paillage et les associations culturales utiles pour optimiser l’eau, enrichir les sols et diversifier les sources de revenus.
En soirée, une projection-débat en plein air a permis d’aborder l’usage du numérique comme outil d’apprentissage agroécologique. L’objectif : encourager une utilisation raisonnée et créative des ressources en ligne au retour dans leurs communautés.
La matinée du troisième jour a approfondi les techniques essentielles : rempotage, paillage, bouturage et associations culturales.
Les relais ont renforcé leur maîtrise des gestes fondamentaux de l’agroécologie, en tenant compte des contraintes locales, de la disponibilité en intrants et des savoirs déjà existants dans leurs villages.
L’après-midi a introduit une dimension entrepreneuriale.
Les relais ont été initiés au Social Business Model Canvas, un outil simple pour structurer une idée, définir une activité ou renforcer une initiative en cours.
Une session de pitch leur a permis de s’exercer à présenter un projet, répondre aux questions et défendre une proposition face à d’éventuelles opportunités de financement ou de soutien technique.
Au-delà des apprentissages, ces trois jours ont créé un espace de transmission, de lien et de confiance.
Chaque relais repart avec :
– des savoirs agroécologiques solides,
– des outils pratiques pour renforcer les groupements de femmes qu’il ou elle accompagne,
– une meilleure compréhension de l’entrepreneuriat rural,
– une responsabilité : partager, expérimenter et essaimer ces pratiques dans leurs terroirs.